dimanche 11 décembre 2011

Yokohama Kaidashi Kikou : Qu'est-ce que "longtemps" pour une vie d'homme ?

Aujourd'hui, on va parler manga, avec ce que je considère être comme l'un des meilleurs mangas que j'ai lu, j'ai nommé Yokohama Kaidashi Kikou de Hitoshi Ashinano!

Un manga peu connu, mais qui connait un très grand succès auprès de ses lecteurs, les évaluations (certes arbitraires) sont en règle général très bonne! 

Yokohama Kaidashi Kikou 

Le Synopsis :
Se déroulant au Japon dans un futur indéterminé, mais où la Terre semble avoir connue une mystérieuse catastrophe ayant eu pour conséquence une baisse générale de la population ainsi qu'une montée des eaux, Yokohama Kaidashi Kikou suit la vie quotidienne d'Alpha Hatsuseno. Bien qu'ayant l'apparence d'une jeune femme un peu naïve, Alpha est en réalité un robot, un des prototype des séries A7 qui ont pour particularité de pouvoir développer des émotions humaines. En attendant le retour de son « propriétaire », elle s'occupe du café Alpha, se fait des amis, se balade dans la campagne avoisinante grâce à son fidèle scooter, et plus généralement découvre peu à peu le monde calme et crépusculaire qui l'entoure.

Les Personnages :
Un des élément essentiel à la réussite d'un Slice of Life, c'est d'avoir des personnages bien faits, interessants de par leur actions et leur façon de réagir au diverses situations du quotidien, etant donné le fait que l'action principal du manga est précisément la vie de tout les jours. De ce point de vue là, Yokohama possède donc d'excellents protagonistes :

Alpha Hatsuseno :
Le personnage principal de Y.K.K. et la propriétaire de Café Alpha. Extravertie, drôle et parfois un peu lunaire, Alpha est l'un des personnages les plus humains que l'on puisse rencontrer dans les pages d'un manga. Pourquoi cette dernière phrase? Et bien parce que Alpha est un robot ayant la capacité de créer et ressentir des émotions humaines. Elle attend patiemment son propriétaire, tout en allant à la découverte du monde qui l'entoure... 



Kokone Takatsu :
C'est une autre représentante des séries A7, mais moins émotive qu'Alpha, du moins au début de la série. Après avoir rencontré cette dernière lors d'une des livraisons qui lui permettent de gagner sa vie, elles vont vite devenir amies. Kokone va elle aussi développer ses capacités émotionnelles tout au long de l'histoire, progressivement sans s'en rendre compte. La seule chose qui la différenciera des humains sera finalement la couleur de sa coupe de cheveux!


Oji-san, Sensei et Takahiro :
Le sympathique propriétaire de la station d'essence voisine, et un autre ami proche d'Alpha. Sensei est une scientifique spécialisée dans la robotique et amie d'enfance d'Ojisan. Les deux vieux amis ponctuent parfois le récit de leurs aventures communes dans les environs de Yokohama, et viennent reconforter Alpha dans les moments difficiles.
Takahiro est le petit fils d'Oji-san, ce jeune garçon vient souvent au café d'Alpha en compagnie d'une amie Makki, quelque peu jalouse de l’intérêt que porte le jeune garçon à Alpha.

D'autres personnages feront leurs apparitions, comme la Misago, personnage récurrent du récit, un être surhumain à l'apparence féminine qui ne se montre qu'aux enfants. Son origine est inconnue, mais il s'agit probablement d'un prototype A7 ayant adopté un mode de vie sauvage.

La critique : 
Tout d'abord, j'ai pris un très grand plaisir à suivre les petites aventures quotidiennes de Alpha tout a long des 14 tomes que l'on ne voit absolument pas passer, tellement c'est bien fait, autant au niveau graphique que du scénario, l'emotion que fait passer la plupart des personnages du manga! Pourtant ça commence doucement, avec une histoire sympathique et sans prétention, et qui devient très rapidement addictif! On se surprend même a vouloir terminer ce manga au plus vite, aboutissant à la grande tragédie qu'est de se rendre compte que, une fois terminé, nous n'aurons plus la possibilité d'explorer d'avantage cet univers paisible et si particulier...

Un petit bijou! Comme quoi il y a quand même de l'espoir malgré les désastres du dérèglement climatique que l'on peut voir ici... 
On y retrouve un personnage principal très attachant, en la personne d'Alpha, un robot qui n'en a pas du tout l'air (mais alors vraiment pas!) avec ses gaffes, sa joie de vivre, ses émotions qu'elle nous fait si bien partager dans ce monde calme et reposant! Difficile d'imaginer le Yokohama d'Y.K.K. tellement il est à des années lumières des villes d'aujourd'hui... c'est une vraie communion avec la nature que nous avons la! Notamment lors des petites excursions d'Alpha pour prendre des photos, les histoires d'Ojisan, son café si tranquille... 
Le style du manga est vraiment très léger, avec de superbes décors, des couleurs chaleureuses, des personnages un peu rond, à l'ancienne, mais très expressifs... bref c'est très jolie et très soigné, avec de bons petits scénarios pour chaque anecdotes rapportés par Alpha, ce qui en fait un excellent Slice of Life!

Vous l'aurez compris, c'est un manga très attachant, qui se déroule dans une ambiance plutôt triste avec un air de fin d'humanité, avec des robots tel Alpha qui ne peuvent pas vraiment vieillir tandis que ses amis humains grandissent, partent et disparaissent... on est vraiment triste de la voir en quelque sorte perdre ses amis, tandis qu'elle est promise à la vie éternelle, et devenant une spectatrice de la vie des autres personnes qui l'entourent, comme Oji-san, Takahiro ou encore Sensei.
Elle est peut-être une machine, mais sa joie de vivre, ses réactions lorsqu'elle est embarrassée fait que tout le monde s'attache à elle, et que les clients de son Café (qui n'en est pas vraiment un, vu le nombre de Client!!) reviennent la voir, pour ressentir à nouveau ce sentiment très agréable vécu lors de leur première visite... elle fait aussi changer de comportement ses semblables comme Kokone, qui devient adorable par la suite, et par la force des choses, encore plus humaine que son ... 

Mais ce qui frappe donc, outre ces moments de bonheur simple et de joie partagé c'est la dégradation du monde qui entoure Alpha, comme le résume un personnage haut-placé dans son avion qui survole la Terre... la population humaine disparaît, les villes sont desertes, la nature reprenant ses droits un peu partout... C'est un contexte vraiment très particulier qui rend triste dans le sens où l'on sent qu'Alpha va finir par se retrouver seule, même si bien sur il y aura toujours quelqu'un pour l'entourer, tellement elle fedère autour d'elle, des gens venant toujours se rendre dans ce Café Alpha... Un chapitre résume en quelque sorte ce manga, c'est l’Anecdote 135 sur Tome 14... quand on le lis, on se dit que c'est ça Y.K.K. !
Hitoshi Ashinano invente par ailleurs plusieurs éléments propre à l'univers de son histoire, comme la fameuse statue qui prend progressivement une apparence humaine au fur et à mesure que l'homme disparaît, comme pour laisser une trace. De même, la nature s'approprie également les innovations humaines avec des arbres lampadaires naturels!
Le spectacle de la baie de Yokohama la nuit.
Toutes les lumières de la ville plongée sous les eaux s'illumine au coucher du soleil.
Niveau réalisation graphique, c'est vraiment très jolie! un excellent coup de crayon, notamment pour la réalisation des paysages, la ville dans la mer, les fêtes, les routes, la verdure... on s'y plonge vraiment en fait! Certains moment nous rappelle même notre enfance, comme les bonhommes de neige, observer la pluie, les éclipses, voir un avion de près... les chapitres couleurs s’améliorent au fur et à mesure, avec une palette de couleurs de plus en plus variés, qui rend vraiment l'ambiance magique parfois! 
Le character design avec ses personnages ronds, et leurs visages embarrassés ou joyeux, est très expressif et agréable à l'oeil, notamment l'incontournable Alpha, mais aussi Kokone qui est vraiment adorable avec son chapeau et sa coupe de cheveux rose... on voit évoluer Takahiro et Makki tout au long des tomes, le passé commun d'Oji-san et de sensei se dévoiler progressivement...
Il y a eu 12 ans de publication, donc le style a eu le temps de changer légèrement depuis le début, meme si les changements sont minimes et concernent plutôt le style vestimentaire. On s'en rend compte en fait lorsque l'auteur fait des 4-koma (les fameuses "BD en 4 cases") au tome 11 ou 12 il me semble, et ça m'a bien fait rire!

Chaque personnage possède donc une personnalité atypique, comme Alpha (bon j'en ai suffisamment dit, après je révélerai des choses qu'il vaut mieux decouvrir en lisant le manga), Kokone, Oji-san et son aura protectrice, Sensei et ses souvenirs de jeunesse en compagnie d'Oji-san... Et la fameuse Misago, que tout le monde redoute, mais qui au final aime bien les enfants et aimerait surement s'amuser avec, bien qu'elle soit extrêmement prudente... 

Que dire de plus qui ne soit pas des redites... je crois qu'il faut parfois se taire et apprécier certains passages, qui sont d'ailleurs sans texte avec uniquement une histoire en image, qui n'a pas besoin d’être raconté pour que l'on comprenne et que l'on ressente ce que l'auteur a voulu faire passer... Un procédé très appréciable quand il est bien fait, et c'est toujours le cas avec Ashinano au crayon!
En tout cas excellent manga que je recommande à tous, en tout cas c'est l'un des mangas/anime qui m'aura le plus marqué depuis que j'ai débuté dans l'Otakuïsme.

Un bijou... un vrai, qui nous donne envie de lire les chapitres les uns après les autres, tout en se disant que 140 anecdotes ce n'est pas assez et qu'on se sent légèrement triste de se dire que l'on se rapproche de la fin... mais les histoires les plus courtes sont assurément les meilleurs parfois!
En route vers de nouveaux horizons!

6 commentaires:

  1. YKK est un manga pour lequel j'ai une affection sans bornes et qui occupe une place dans mon cœur. Non seulement ça été le premier manga que j'ai acheté en VO, mais en plus c'est un manga que j'ai suivi pendant près de 5 ans, très vite au rythme de la parution japonaise ce qui fait que je ne peux m'empêcher de penser avoir passé une partie de ces années avec les les personnages du manga.
    Quand on me demandait mon avis à l'époque je répondais sans hésiter que c'était un des meilleur manga jamais dessiné.

    Plus de 5 ans après sa fin j'en suis un peu revenu. Là où à l'époque je voyais un manga écrit de manière maitrisée, je me suis rendu compte avec les relectures qu'Ashinano improvisait en réalité pas mal. Les mystères qu'ils faisait miroiter n'avaient pas de réponses pour lui même. Non pas que j'attendais des réponses à tout, ce qui touchait à la nature ou ce qui a provoqué ce crépuscule de l'humanité, mais par exemple j'espérais voir la quête de Kokone sur la série A7 aboutir à quelque chose. Même chose pour Owner qui au bout de 12 ans de teasing sera un peu oublié en route.
    A l'époque le dernier volume avait été pour moi une énorme déception. Jusque là le manga suivait le rythme des mois et se déroulait "en temps réel", une année dans le manga s'étalait sur une année de publication. Mais d'un coup Ashinano multiplie les ellipses, Makki grandie de plusieurs années en quelques chapitres et devient même mère, ça allait trop vite et on a tous sentis que le manga se dirigeait vers une fin brusque. Par chance les derniers chapitres sont fabuleux, l'avant dernier avec l'appareil photo fait partit des tout meilleurs du manga et les dernières pages du chapitre final étaient celles qu'on espérait tous. Mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'Ashinano en a eu marre et a cherché a finir son manga au lieu de calmement continuer ce qu'il faisait de si bien pendant ces 13 premières années. Le fait que son manga suivant, Kabu no Iksaki, soit un sous-YKK me conforte dans cette idée.
    Ensuite tout ça ne veut pas dire que je n'aime plus YKK, très loin de là je peux encore en parler pendant des heures et il contient certain de mes moments de BD préférés comme ce chapitre où Alpha remonte un moteur de maquette et qui m'a toujours interpelé tant je n'arrive pas à cerner ce que l'auteur voulait nous y transmettre. Mais il a perdu à mes yeux son statu d'un des meilleurs manga jamais créé pour ne devenir qu'un simple "excellentissime manga". J'ai l'impression d'avoir réalisé qu'Ashinano, malgré son talent, m'avait bluffé pendant ces années et que ce que j'ai porté au nues n'était pas si génial que ça... Comme si l'impermanence des choses avait touché jusque ça.
    Et en un sens ça me rend un peu triste pour moi même.

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  2. Cela donne très envie, présenté comme cela. C'est vrai que j'en entends souvent parler, mais ce doit être la première fois que je lis un véritable article sur le sujet. Donc merci.
    J'attendrais bien une sortie française, mais cela me semble compromis, à moins que le directeur éditorial de Glénat Manga ne soit pris d'un coup de cœur pour ce titre, ce qui lui arrive (2001, Kaze,...)

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  3. Effectivement le manga laisse des pistes sans réponses, comme le fameux propriétaire d'Alpha, mais pour cet exemple je n'ai jamais pensé le voir, puisqu'il représente un symbole de la liberté d'Alpha, qui bien que robot est libéré de son ancien statut de machine. D'ailleurs, j'ai toujours considéré qu'il était peut être déjà mort.

    Pour ma part, c'est une chose intéressante puisque cela laisse une porte ouverte à notre imagination, comme les quelques chapitres muets qui nous invitaient eux aussi à la réflexion.

    Enfin pour ce qui est de l’accélération du temps, j'ai vraiment beaucoup aimé car cela permet de faire ressentir toute la tristesse d'Alpha a l'idée de voir partir ses amis, elle qui reste et restera la même...

    Maintenant, comme toi, j'aurai bien aimé avoir les réponses de Kokone sur les A7!

    Peut-être que toutes ces impressions sont dû simplement au fait que j'ai lu ce manga sur quelques semaines, puis relu par la suite que je n'ai pas eu ce lent développement et cette réflexion posé sur le manga, avec mes attentes concernant tel ou tel sujet du manga... J'ai voulu l'acheter dans la première version, mais je vais peut-être me prendre la réédition paru il y a 2-3 ans.

    Je vais continuer mon lobby auprès des éditeurs français pour avoir une petite chance de retrouver ce manga chez nous... C'est pas gagné mais mieux vaut être emmerdant en demandant tout le temps, que de ne rien demander du tout comme la plupart du temps... et qui sait ^^

    PS : En ce qui concerne Kabu no Isaki, il est vrai qu'il y a pas mal de point de comparaison, mais j’essaierai de développer ça dans un autre billet à ce sujet!

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  4. YKK, ça déchire. Et pis, c'est tout.

    J'en avais parlé par ici : http://puceau.corti.over-blog.com/article-yokohama-kaidashi-kik-72214129.html

    et mon avis sur le sujet n'a pas changé. C'est une série qui se déguste tranquillement et qui nous porte gentiment. Et finalement, l'absence de réponses aux questions, on s'en fout totalement.

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  5. Disons que je fais la part des choses dans les questions. Il y a celles qui font partie de la nature des choses et pour lequelles personne n'a de réponses, toutes celles liées à l'évolution du monde, de la nature et ce qui va avec, qui n'appelaient pas de réponses, le lecteur étant invité a deviner ce qui a bien pu se passer comme alpha ou le voyageur avec son lézard volant qu'on croise de temps en temps.
    De l'autre il y avait des question qui touchaient à des éléments plus terre à terre et concret, comme les A7 sur lesquels Sensei avait bossé. Donc là on était en droit d'avoir des réponses, car au sein même du monde de l'œuvre elles existent. Et c'est là qu'Ashinano échoue de manière assez forte au final à mes yeux. Il a fait monter son soufflet de fort belle manière, mais au final ça se dégonfle quand même.
    Quand à Owner, qui ne peut être mort puisqu'il repasse régulièrement, il y a des indices qu'il est lié au Directeur Alpha de l'avion stratosphérique. Mais là aussi on a un élément qui est oublié en cours de route par Ashinano. La force du manga c'est nous montrer l'évolution d'une bonne partie de ses personnages sur pas loin de 12 ans, c'est pour ça que ces éléments oubliés me frustrent incroyablement et que la fin ressemble à un abandon à mes yeux.
    Ensuite je pense que le simple titre de la série, hérité de la nouvelle qui lui a servi de pilote, montre que pas mal de choses ont été imaginées sur le tas. Mais durant toutes ces années où j'ai suivi la série j'étais persuadé qu'Ashinano avait pris le temps de bien penser son univers et planifiait le déroulement sur un certain temps. En fait il faisait comme ça le chantait sur le moment, ce qui dans un sens est bien plus dans l'esprit du manga.

    Si tu achètes, prend la réédition, déjà parce qu'elle est la version facilement trouvable, aussi parce que moins chère et surtout parce qu'elle est plus complète (chapitres en plus). Et les jaquettes sur papier non glacé sont du meilleur effet.

    Pour le lobbing, dis toi qu'il y a un facteur très important : la Kodansha, l'éditeur japonais, ne travaille qu'avec une poignée d'éditeurs francophones et limite le nombre de titre qu'elle vend par an.
    Pas la peine de démarcher Ki-oon, Doki-Doki ou Kaze manga, ils n'auront jamais accès à son catalogue. Le seul espoir relève d'un coup de coeur d'un des responsable éditoriaux des éditeurs fr du "club Kodansha", un peu comme Mushishi chez Kana il y a quelques années.

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  6. Oui j'avais remarqué le cote "Kodansha" de l'affaire, mais de toute façon je me fait peu d'illusions au sujet d'une possible licence chez nous....

    Après dans le fond je suis d'accord avec toi, j'aurai aimé que certaines questions trouvent des réponses, mais malheureusement l'affaire restera sans suite... c'est quelque chose que j'aurai pu évoquer mais cela ne m'est pas venu à l'esprit au moment de retranscrire mon impression sur ce qui reste un excellent manga!

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